La Roumanie dans L'UE, vue de loin

Cette année, la distance était telle que je n'ai pas suivi les derniers dévéloppements en Roumanie. Je suis restée avec le sentiment que le gouvernement et la présidence, alors qu'ils n'étaient pas en accord sur tout, essayaient de faire avancer la marche des réformes.

La population avait surtout l'impréssion que son président, sorti des classes moyennes, souhaitait des profonds changements, rendus difficiles par les cotéries politiques et surtout économiques, pour ne pas dire .. mafieuses.

Et voilà que 2007 est arrivé et que la Roumanie, avec la Bulgarie, fait partie de la dernière (avant longtemps) vague de l'élargissement de l'Union Européenne.

Je souris à l'idée de retrouver ma carte d'identité, sauter dans un avion et arriver à Heathrow, pour le simple plaisir de la présenter aux douaniers (pas forcement sympatiques) qui ont froncé des sourcils la derniére fois quand j'y suis passée : mon visa kiwi et permis de résidence allemand, sur un passeport roumain, ne leur ont pas suffi.

Si, après 16 ans passés à bourlinguer à ma guise, j'ai encore ce genre de réaction, je n'ose pas imaginer la joie que la (future) libre circulation des personnes a pu apporter aux pauvres ouvriers qui partaient en car vers 'l'Europe' pour travailler à la cueillette des fraises ou sur les chantiers.

Quant aux autres ouvertures pour la Roumanie, ca reste à voir. Je ne suis pas scéptique, juste en expectative. On parle des miliards d'euro qui seront versés par l'UE pour le dévéloppement de l'agriculture, mais on ne parle pas du fait que le pays recoit (sous forme de grants) seulement un sizième de sa contribution au dévéloppement de la science.

Il semble y en avoir un air de joie qui flotte dans le pays, qui est assez contrastant avec la la 'désinvolture' (cf. Libé) avec laquelle cet élargissement a été percu dans l'UE des 25.

Il y a eu du chemin parcouru, pourtant: d'un pays occidental, aux même standards et niveau de vie que la Bélgique, avant la seconde guerre, un pays ou, dans les classes moyennes l'on apprennait le francais dès la plus jeune l'enfance, alors que dans les villages de la Transylvanie on aprennait l'allemand u l'hongrois de ses voisins, un pays qui avait accueilli de grandes communautés d'immigrants italiens, arméniens, gréques, etc., à un pays détruit par une guerre puis par les tanks russes, passé par une révolution culturelle comparable avec celle de la Chine (même si les choses n'ont jamais été dites dans ces termes-lá), à un pays appauvri par le communiste et encore plus par la corruption post-communiste, qui s'est rétabli pendant les 3-4 dernières année, et enfin à un pays qui retrouvera peut-être sa juste place auprès des autres pays de l'Europe. Qui a la pretention de jouer un jeu à la mesure de son emplacement géographique, qui l'a toujours desservi jusqu'alors et de devenir un moteur de l'UE aux portes des Balkans.

Si la réussite ne sera pas économique en premier lieu, elle le sera sociale et culturelle : le  balkanisme post-communiste  qui nous a tant desservi ces 17 dernières années aura peut-être enfin une contre-partie. Et le modèle européen finira par déteindre auprés des masses, comme il l'a toujours fait auprés des élites intellectuelles.

Etre aux portes de l'orient "ou tout est pris à la legère" cessera un jour d'être un handicap. Et ce sera notre plus grande victoire.